La syphilis IST, souvent oubliée, est pourtant en nette recrudescence et nécessite une vraie prise de conscience.
Une infection qu’on croyait oubliée… mais qui revient
Autrefois reléguée aux livres d’histoire, la syphilis se transmet par voie sexuelle refait surface depuis plusieurs années. Sa circulation s’intensifie chez différentes générations, jeunes et moins jeunes. Elle passe souvent inaperçue, car ses symptômes ne sont pas toujours évidents.
En 2023, plus de 41 000 cas ont été recensés en Europe (+13 % par rapport à 2022), dont environ 5 800 en France. La hausse concerne toutes les tranches d’âge, avec une prédominance chez les hommes de 25 à 34 ans, mais aussi une progression chez les plus de 50 ans.
Il s’agit d’une infection sexuellement transmissible causée par une bactérie appelée Treponema pallidum. Son nom pourrait sembler presque poétique, mais la réalité est tout autre.
Comment se transmet la syphilis ?
Une invasion discrète
Dans un premier temps, la syphilis ne provoque pas nécessairement de douleur, de démangeaisons ou d’inconfort. Cette absence de symptômes évidents la rend d’autant plus insidieuse.
Elle se transmet généralement par contact direct peau à peau. En effet, la pénétration n’est pas nécessaire. Un simple baiser profond, un contact avec une zone infectée, ou l’utilisation de sextoys peuvent suffire. Ainsi, une petite plaie invisible ou une muqueuse vulnérable peuvent devenir un terrain d’infection.
Quels sont les symptômes de la syphilis ?
Une progression silencieuse et sournoise
Au début, la syphilis peut se manifester par une petite plaie indolore sur les parties génitales, autour de l’anus, ou dans la bouche. Cette lésion, souvent ignorée, ne suscite pas d’alarme.
Par la suite, des symptômes plus généraux peuvent apparaître : éruptions cutanées sur les mains ou les pieds, fièvre, fatigue persistante, ou encore ganglions enflés. Puis, comme par magie, ces signes disparaissent. Pourtant, l’infection demeure présente, bien cachée.
Syphilis non traitée : quels risques ?
Si la syphilis n’est pas détectée ni soignée, elle peut lentement atteindre des organes vitaux, comme le cœur ou le cerveau. Ces complications sont heureusement rares, mais la menace existe.
L’objectif ici n’est pas d’effrayer, mais de rappeler une réalité qui peut être évitée grâce à la prévention et à un suivi médical adapté.
Syphilis et dépistage : simple, accessible, crucial
La bonne nouvelle, c’est que la syphilis se soigne très bien. Un simple traitement antibiotique suffit, à condition de la détecter à temps. Et ça, c’est possible grâce au dépistage.
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À noter : pour que le test soit fiable, il est recommandé d’attendre environ 6 semaines après un rapport à risque, car la fenêtre sérologique (le délai d’apparition des anticorps) peut varier d’une personne à l’autre.
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Alors non, ce n’est pas grave d’avoir peur. Ce n’est pas grave d’avoir attendu. Ce qui compte, c’est d’agir quand on est prêt·e.
Quel rôle joue le préservatif contre la syphilis ?
Le préservatif constitue une barrière importante contre la transmission. En recouvrant les muqueuses, il réduit considérablement les risques. Cependant, il ne protège pas entièrement.
Effectivement, la syphilis peut se transmettre dans des zones que le préservatif ne couvre pas, telles que le pubis, les testicules, la bouche ou le périnée.
Par conséquent, même avec un préservatif, la prudence reste de mise. Malgré ses limites, cet outil demeure un geste protecteur essentiel. Il symbolise aussi une attention sincère portée à soi et à son partenaire.
Syphilis et orientation sexuelle : qui est concerné ?
La syphilis touche tout le monde.
Environ 72 % des cas recensés en Europe concernent les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, mais la hausse est également visible chez les femmes, les hétérosexuels et les personnes de plus de 50 ans.
Autrement dit : la syphilis ne discrimine pas. Elle peut concerner toute personne sexuellement active.
Lever les tabous : oser parler de la syphilis
Il n’y a aucune honte à évoquer la syphilis. Cette infection n’est ni une sanction, ni une marque de négligence. Elle peut toucher tout un chacun, à tout moment.
Ce qui importe réellement, c’est la manière dont on réagit : s’écouter, se faire dépister, suivre un traitement si nécessaire, et prévenir ses partenaires.
En parler librement, sans crainte ni jugement, contribue à mieux se protéger et à protéger les autres.
Agir malgré l’incertitude : la syphilis n’est pas une fatalité
Si l’on ne maîtrise pas toujours ce qui peut arriver, on peut néanmoins choisir d’agir.
La syphilis n’est pas une fatalité. Lorsqu’elle est prise en charge rapidement, elle se soigne bien.
Se faire dépister constitue un acte responsable et bienveillant, autant envers soi-même qu’envers les autres.
En cas de test positif, il convient de garder son calme. On n’a rien “raté” ni “perdu”. Simplement, on vit. Et surtout, on prend soin de soi.
Par Eva Marie Very